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Une moisson de contrats pour Poutine en Inde

Publié le 6 déc. 2021 à 18:48Mis à jour le 6 déc. 2021 à 19:20

Ce fut une visite express mais hautement symbolique. Pour son deuxième voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie, Vladimir Poutine a choisi de se rendre en Inde. Il s’était déplacé à Genève pour rencontrer le président américain Joe Biden, mais n’avait pas daigné participer au G20 et à la COP26. Il a également reporté une visite prévue en Chine.

« Nous considérons l’Inde comme une grande puissance, une nation amie et un allié sûr », a déclaré Vladimir Poutine avant sa rencontre avec le Premier ministre indien, Narendra Modi, lundi en fin d’après-midi. Le dirigeant indien a souligné « l’amitié » constante « entre l’Inde et la Russie » en dépit de l’émergence de nouvelles « équations géopolitiques » au cours des dernières décennies.

L’Inde et la Russie étaient proches pendant la Guerre froide. Et depuis cette relation perdure. « Mais de nouveaux défis ont émergé, la Russie à travers son prisme anti-Occident, a fait de la Chine un allié important . Pour l’Inde, la Chine est problématique et elle s’est donc davantage tournée vers l’Occident », explique Harsh Pant, spécialiste des relations internationales à l’Observer Research Foundation à New Delhi et professeur au King’s college à Londres.

L’Inde et la Chine entretiennent des relations tendues depuis l’affrontement meurtrier qui a opposé les deux armées le long de la frontière contestée dans le Ladakh , en juin 2020. De son côté, la Russie n’a pas caché son mécontentement quant à la formation du Quad , qui réunit les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie, afin de contrebalancer l’influence de la Chine dans l’Indo-Pacifique. « Mais l’Inde ne veut pas s’aliéner la Russie, et il en va de même pour cette dernière qui ne souhaite pas uniquement miser sur ses relations avec la Chine », indique Harsh Pant.

Dialogue stratégique

La rencontre entre Narendra Modi et Vladimir Poutine s’est déroulée dans la foulée d’un dialogue stratégique entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des deux pays. « Un record de 28 accords a été signé au cours de cette visite, à la fois entre les gouvernements et entre des entreprises », a déclaré à la presse Harsh Vardhan Shringla, secrétaire aux Affaires étrangères, alors que les deux dirigeants s’entretenaient toujours.

Selon Harsh Vardhan Shringla, ces accords couvrent une large gamme de secteurs, comprenant le commerce, l’énergie mais aussi la défense via un programme de coopération décennal. La Russie est le principal fournisseur d’armes de l’Inde depuis quelques années, selon le Stockholm International Peace Research Institute. « En ce qui concerne les S-400, les livraisons ont commencé ce mois-ci et elles vont se poursuivre », a indiqué le secrétaire aux Affaires étrangères en référence à un contrat de 5 milliards de dollars signé en 2018 portant sur des systèmes de défenses antiaériens S-400. L’Inde n’a pas encore fait l’objet de sanction de la part de l’administration américaine à ce sujet, notamment en raison de sa position privilégiée dans l’Indo-Pacifique, selon les observateurs. Le « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act » sanctionne pourtant les achats d’armement russe.

Le Premier ministre indien et le président russe ont également abordé la situation en Afghanistan. « L’Inde et la Russie partagent une analyse commune et des craintes en matière de terrorisme depuis l’arrivée au pouvoir des talibans à Kaboul. Sur cette question, « leur vision converge », souligne Harsh Pant. Et de conclure : « Les deux pays tentent de revisiter leur relation et de la rendre pertinente dans le contexte du XXIe siècle. »

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