
Lors d’une interview accordée à L’Équipe, Caroline Garcia s’est livrée sur ces 18 derniers mois marqués par de nombreux hauts avec son sacre au Masters de fin de saison mais aussi par des bas très durs mentalement et physiquement.
Caroline Garcia a marqué l’année 2023 avec une splendide deuxième partie de saison et son sacre au Masters. Mais dans son entretien accordé à L’Équipe, la Française est revenue sur des moments difficiles des 18 derniers mois. Entre crises de boulimie nocturne, pépins physiques et rongé par les doutes, “Caro” Garcia explique ces difficultés à cœur ouvert.
“Il y a eu beaucoup de larmes, de nuits blanches, cette année et l’année dernière déjà, précise la joueuse de 29 ans. Quand ça ne va pas, tu es de plus en plus seule. Tu cogites. Tu perds beaucoup, donc tu n’as plus l’émotion de la victoire, même celle d’un premier tour, alors que tu en aurais besoin. Et tu ne dors plus.” Après avoir été dans le haut du classement, elle avoue avoir pris un coup derrière la tête à la suite de ses nombreux échecs.
C’est dans ces épisodes douloureux que les crises de boulimie sont apparues. Tout comme les nuits blanches qui, pour Caroline Garcia, sont une conséquence de ces crises: “Chacun est différent. Certains ne vont plus manger, moi c’était l’inverse : je me réfugiais dans la nourriture. C’était des moments de crise. Tu te sens tellement vide, tellement triste, que tu as besoin de te remplir. C’était la détresse de ne pas réussir à faire ce que je voulais sur le court, ne plus gagner et souffrir physiquement. Manger m’apaisait pendant quelques minutes. On sait tous que ça ne dure pas, mais… C’était une échappatoire. C’est incontrôlable.”
Son poids était devenu une obsession
Des crises qui ont commencé à se réduire au fur et à mesure que Caroline Garcia renouait avec la victoire et acceptait de moins se focaliser sur une éventuelle prise de poids. “Depuis que je profite un peu plus de tout ce qu’il y a autour du tennis et que je prends plus de temps pour moi, ça m’arrive moins. Et quand ça m’arrive, je l’accepte plus et je culpabilise beaucoup moins. M’autoriser des petits plaisirs plus réguliers évite d’avoir trop souvent ce craving pour quelque chose. À un moment, je ne m’autorisais plus grand-chose. Ça devenait too much.”
La tenniswoman avoue que le poids, chez elle, est une obsession, car cela joue sur son image et sur ses performances de matchs. “Aujourd’hui, c’est mieux, confie Caroline Garcia. […] Maintenant, si pendant deux jours, j’ai envie d’une pizza, bah je vais prendre ma pizza et ça arrêtera de m’obséder. J’ai eu du mal à accepter le fait que ça n’allait pas transformer mon corps. Je m’autorise un petit dessert de temps en temps plutôt que de ne penser qu’à ça toute la semaine et de finir par complètement craquer. La défaite devenait une excuse pour tout m’autoriser. C’est beaucoup moins le cas aujourd’hui. Au restaurant des joueurs, il y a plein de tentations, ce n’est pas évident. Tu apprends sur toi-même au fur et à mesure.”
Avec le sourire et un trophée en main, Caroline Garcia, passée de 79e mondiale à quatrième aujourd’hui, compare ce trophée à celui obtenu par Karim Benzema, ballon d’Or 2022. Venant également de la banlieue lyonnaise, elle ajoute que “ça fait deux personnes de Bron qui le touchent cette année”.