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Rugby : les clubs français font plier l’EPCR, l’organisateur des Coupes d’Europe – Le Monde

Le rugby français s’apprête à fêter une victoire probante, sur le terrain sanitaire plutôt que sportif cette fois. Une réunion s’est tenue lundi 4 janvier entre la commission médicale de la Ligue nationale de rugby (LNR) et l’European Professional Club Rugby (EPCR), organisateur des Coupes d’Europe, pour discuter d’un durcissement du protocole anti-Covid-19 actuellement mis en œuvre, jugé trop laxiste par les médecins des clubs du Top 14. Ils auraient obtenu gain de cause avec une modification dudit protocole d’après des propos recueillis lundi par l’Agence France-Presse de sources concordantes.

Dans une lettre envoyée dimanche à l’EPCR, les médecins français réclamaient un alignement du protocole sanitaire européen sur celui adopté en France, avec un test trois jours avant la rencontre, contre six actuellement à l’échelon continental et au Royaume-Uni, foyer principal de contagion au sein de clubs. « Les Anglais étaient dans une impasse, il fallait bien qu’ils en sortent, même si c’est difficile d’admettre pour eux qu’ils se sont trompés », estime Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la LNR.

La période d’incubation du Covid-19, estimée à cinq jours, aurait permis à des joueurs outre-Manche de prendre part à un match tout en étant porteurs du virus.

L’option du boycott

Le club basque de l’Aviron bayonnais en a déjà fait les frais : neuf joueurs ont contracté la souche « anglaise » du virus à la suite de la réception des Anglais de Leicester lors de la deuxième journée de Challenge Cup le 19 décembre. Son président, Philippe Tayeb, dénonçait la situation de son club au micro de « Stade 2 » dimanche : « Si l’on avait appliqué le protocole du Top 14, peut-être que l’on aurait été épargnés. C’est une situation catastrophique. On a été très prudents pendant sept mois et on a été infectés par une équipe venue sur notre sol. »

Il avait menacé de ne pas prendre part aux deux dernières rencontres prévues les 15 et 22 janvier face à Leicester et aux Italiens du Zebre. « Je ne suis pas plus fou qu’un autre, si le protocole évolue au niveau des tests on participera [aux matchs de Challenge Cup]. Mais je demanderai à ce qu’on aille plus loin en effectuant des tests vingt-quatre heures avant, par exemple », a réagi Philippe Tayeb au micro de France Bleu Pays basque lundi 4 janvier.

Toulon avait également dû déclarer forfait en décembre en raison des risques sanitaires lors de son déplacement chez les Gallois des Scarlets. D’autres se disaient prêts à suivre la même méthode si le protocole n’évoluait pas, voire à boycotter les compétitions européennes.

« Si on sort de la Coupe d’Europe, ce sera un manque à gagner de 70 millions d’euros pour les clubs » (Jacky Lorenzetti, propriétaire du Racing 92)

Les répercussions se font sentir sur le plan national et impactent la bonne tenue du Top 14. Le match prévu le vendredi 8 janvier de l’Aviron contre Toulon est compromis, ce qui constituerait un troisième report d’affilée pour le club basque. Programmée pour le lendemain, la rencontre entre Clermont et la Section paloise, qui a annoncé dimanche avoir recensé plusieurs contaminations la semaine dernière, possiblement à la souche « anglaise », et annulé tous ses entraînements par précaution, est également menacée.

Une réunion est prévue mardi 5 janvier entre les dirigeants du Top 14 et l’EPCR pour éclaircir l’avenir des compétitions européennes. Tous ne semblent pas sur la même longueur d’onde. Jacky Lorenzetti, propriétaire du Racing 92, dément toute idée de boycott dans un entretien accordé au site Rugbyrama. « Déjà, il ne faut pas dire que plusieurs présidents de clubs veulent boycotter les compétitions européennes. C’est faux, je n’ai jamais entendu parler de ça. (…) Si on sort de la Coupe d’Europe, ce sera un manque à gagner de 70 millions d’euros pour les clubs, c’est énorme. Alors, non, je ne suis pas certain qu’on puisse sortir comme ça de nos engagements », déplore l’homme d’affaires.

La question des droits télé, à l’heure où les clubs souffrent financièrement de la crise sanitaire, est cruciale. Elle explique en partie les pressions faites auprès de l’EPCR, pour aller au bout de la compétition tant bien que mal.

Plus qu’une question de boycott, c’est la protection de la santé des joueurs qui est au cœur de la démarche auprès de l’organisateur des compétitions européennes. La situation sanitaire alarmante au Royaume-Uni – foyer principal des cas de transmission du Covid-19 aux joueurs du Top 14 – a permis à la LNR et aux clubs de rendre leur cause légitime et recevable.

Lire aussi Entre matchs annulés, forfaits et victoires « à l’écouvillon », la Coupe d’Europe de rugby déboussolée par le Covid-19

Clément Aubry

Le Monde

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