
Novak Djokovic participera bien à l’Open d’Australie après avoir bénéficié d’une exemption médicale, alors qu’il n’a toujours pas communiqué sur sa vaccination ou non. Une décision qui a provoqué l’incompréhension chez certains joueurs du circuit majeur.
“Les meilleurs sont toujours privilégiés”. À l’image de Noah Rublin, 391e mondial, les joueurs ont accueilli la nouvelle de la participation de Novak Djokovic à l’Open d’Australie (17-30 janvier) avec scepticisme. Le numéro 1 mondial a annoncé ce mardi avoir obtenu une exemption médicale pour rejoindre l’Australie, alors qu’il n’a jamais communiqué sur son statut vaccinal et que sa présence à Melbourne a longtemps été incertaine.
“Djokovic a demandé une exemption médicale qui lui a été accordée à l’issue d’un examen rigoureux impliquant deux comités indépendants distincts nommés par le ministère de la santé de l’Etat de Victoria”, avait indiqué le tournoi dans un communiqué pour justifier la dérogation délivrée au Serbe. Une exemption qui doit répondre à certains critères bien définis, comme le fait – par exemple – d’avoir contracté le Covid au cours des six derniers mois.
“J’espère juste qu’ils respectent les critères”
Pourtant, aucune information n’a filtré sur la raison de cette exemption accordée au nonuple vainqueur du Grand Chelem australien. “Nous devons croire qu’il a une raison valable pour cette exemption médicale”, rassure dans un premier temps Liam Broady, 128e joueur mondial. Son compatriote Jamie Murray, également interrogé en marge de l’ATP Cup, émet beaucoup plus de réserve. “Je ne sais pas vraiment quoi dire à ce sujet. Je pense que si c’était moi qui n’étais pas vacciné, je n’aurais pas eu cette exemption, regrette-t-il. Mais bien joué à lui d’avoir été autorisé à venir en Australie”.
“Je ne suis pas médecin mais je suis sûr qu’il y a des raisons pour quelqu’un ait besoin de ça, estime de son côté Grigor Dimitrov, 28e mondial. Si c’est légitime… (…) alors bien sûr”. Alex De Minaur veut également croire au respect des critères, et non pas à un privilège de statut: “J’ai entendu dire qu’il y a d’autres joueurs qui ont obtenu des exemptions. J’espère juste qu’ils respectent les critères”.
Sur le plateau du Super Moscato Show, notre consultant Stephen Brun critique quant à lui la discrétion du joueur sur sa santé: “Ce que je lui reproche, c’est sa communication un peu floue”. Il regrette également un “problème d’équité”, en invoquant Pierre-Hugues Herbert, non-vacciné et forfait pour le tournoi de part ses convictions.
Le joueur français a aussi réagi, dans les colonnes de L’Equipe, à ce passe-droit accordé à Djokovic. Tout en indiquant ne pas avoir fait de demande d’exemption (ne rentrant pas dans les critères), il “ne le prend pas mal” et se réjouit même de cette dérogation. “Je le prends comme le fait qu’un non-vacciné a le droit d’aller travailler, tempère-t-il. Aurait-il été normal que quelqu’un ne puisse pas aller défendre ses chances pour des raisons extra-sportives? Je me dis qu’il y a peut-être une lueur d’espoir pour sortir de cette thématique ultra-clivante”.
“Ça ne me surprendrait pas qu’il soit hué à son entrée sur le court”
Pour Noah Rublin, le choix de délivrer une exemption médicale à Novak Djokovic est très clair. “Il vaut mieux en rire !, a-t-il confié à L’Equipe. C’est la première réaction: on s’y attendait et en même temps on ne peut pas croire que ça arrive vraiment”. Le joueur américain tacle également la non-communication du numéro 1 mondial et estime qu’il sera mal accueilli par le public local. “Il risque de ne pas être ménagé par le public après ça, s’avance-t-il. Ça ne me surprendrait pas qu’il soit hué à son entrée sur le court vu tous les efforts que les Australiens ont fait depuis le début de la pandémie”.
Et la presse australienne n’a effectivement pas tardé pour exprimer son opinion à propos de cette participation. Le Courier Mail a titré sa une par un “You must be Djoking” (“Vous devez plaisanter”) avec un jeu de mots entre ‘joking’ (plaisanter) et Djokovic. Tout en annonçant une “furie” après le “choc du No-Vax”, avec là-aussi un jeu de mot entre son prénom et ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner.
“Nous, le message qu’on nous a fait passer pour la vaccination et les tests c’est: débrouillez-vous, on ne peut pas vous aider, regrette par ailleurs le 391e joueur mondial. Pendant que les joueurs 300e, 400e ou 500e ne reçoivent aucun soutien des instances, un top joueur bénéficie d’une exemption médicale. Ça prouve une fois de plus que le tennis est un sport centré sur son élite”.