
Publié le 8 nov. 2020 à 17:15Mis à jour le 8 nov. 2020 à 18:52
Victoire du jour sur la nuit pour certains, de la nuit sur le jour pour d’autres… L’héritage de Donald Trump, c’est peut-être d’abord ce mur qui divise la société américaine comme jamais. C’est une société fracturée où la notion même de communauté de destin, qui fait le ciment d’une nation, a pâli comme une image du passé. Qu’avons-nous encore à faire ensemble, interrogent ces Américains en colère qui, avec Trump, ont voulu tout envoyer promener, poursuivant à leur manière, au-delà même de l’imaginable, ce rêve américain du « tout est possible », où l’on peut tout oser. Ils ont été servis ! Et ils ont rêvé jusqu’au bout de quatre ans de plus. Or que voit-on après Trump ? Une colère encore plus forte.
En proclamant de son côté sa volonté de retrouver « l’âme de l’Amérique », de la « soigner », d’en faire de nouveau un modèle pour le monde, Joe Biden incarne en quelque sorte la promesse inverse, rassurante, paradoxale d’un retour au « monde d’avant », au mythe d’un pays uni. Mais l’a-t-il jamais été ? Et après tant de fractures, tant de coups de boutoir, peut-il le devenir ? Peut-on vraiment s’entendre avec ceux pour qui la vérité est une croyance qui en vaut une autre ? Avec ceux qui, pour reprendre le mot de Trump, croient plus en leur « instinct » qu’en la science pour combattre un virus ?