
Après des longues discussions, ils ont finalement décidé d’entrer sur le parquet. Pour jouer au basket, malgré leur inquiétude et leur écœurement. Les joueurs NBA ont choisi de ne pas boycotter leurs matchs prévus la nuit dernière, en réponse aux graves incidents qui se sont déroulés à Washington. Des milliers de partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole afin de perturber la cérémonie de certification de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Le chaos a duré plusieurs heures, face à des forces de l’ordre totalement dépassées. Une femme a été tuée par balle dans l’enceinte du bâtiment fédéral, trois autres personnes sont mortes aux alentours. La police locale a procédé à cinquante-deux interpellations.
A l’image du Heat de Miami et des Boston Celtics, les équipes NBA ont fermement dénoncé ces incidents. “2021 est une nouvelle année, mais quelque chose n’a pas changé, peut-on lire dans un communiqué commun des deux franchises. Nous jouons notre match ce soir avec le cœur lourd après la décision d’hier dans le Kenosha (les policiers impliqués dans la mort de Jacob Blake ont été exemptés de poursuites judiciaires, ndlr) et en voyant que ces manifestants au Capitole sont traités différemment par les dirigeants politiques en fonction de leurs idées. La différence drastique entre la façon dont les manifestants ont été traités au printemps et l’été dernier (lors des manifestations du mouvement Black Lives Matter, ndlr), et les encouragements donnés aux manifestants d’aujourd’hui, qui ont agi illégalement, montre à quel point nous avons encore du travail à faire. Nous avons décidé de jouer notre match ce soir pour essayer d’amener de la joie dans la vie des gens. Mais on ne doit pas oublier les injustices dans notre société, et nous allons continuer à utiliser nos voix pour dénoncer ces problèmes et faire tout ce que nous pouvons afin d’œuvrer pour un pays plus juste et plus égalitaire.”
“Ça prouve qu’il y a des privilèges dans la vie”
Aux quatre coins du pays, les stars du basket ont marqué le coup en posant un genou à terre lors de l’hymne américain, joué avant les rencontres. A Phoenix, les Suns et les Raptors ont observé un moment de silence, enlacés au centre du parquet. Certaines voix importantes de la NBA ont également dénoncé la différence de traitement de la part des policiers entre les manifestants pro-Trump et ceux du mouvement Black Lives Matter.
A l’image de Doc Rivers, le coach de Philadelphie: “Ça démontre beaucoup de choses. Durant l’été, il y avait des manifestations et des émeutes, avec la police, la garde nationale et l’armée, et là, il n’y avait rien… Ça prouve qu’il y a des privilèges dans la vie, de différentes manières. Et je vais le dire parce que beaucoup ne veulent pas l’entendre. Mais imaginez que les hommes qui sont entrés dans le Capitole aujourd’hui aient été noirs. Qu’est-ce qu’il se serait passé? Pour moi, ce qu’on a vu veut tout dire.” Un point de vue partagé par Bill Russell, la légende des Celtics: “Combien de temps aurait-il fallu pour déployer la Garde nationale s’ils avaient été noirs et combien auraient été morts? Ce n’est PAS l’Amérique! Un président l’a fait, le lâche Donald Trump”.