
Américains, Iraniens, Israéliens et Saoudiens se préparent pour une danse infernale à l’occasion du premier anniversaire de l’assassinat par drone américain à Bagdad du haut responsable militaire iranien et général Qassem Soleimani. L’Iran va-t-il se venger? Trump et Netanyahu vont-ils orchestrer une provocation qu’ils pourraient transformer en casus belli?
Une mine magnétique a été posée sur la coque d’un pétrolier dans le nord du golfe Persique. Sa découverte a encore accru les tensions entre Téhéran et Washington. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, accuse Israël d’ourdir des complots contre des cibles américaines afin de provoquer une guerre entre les États-Unis et l’Iran. Zarif a déclaré que l’Iran avait reçu des informations de sources irakiennes que des «agents provocateurs» israéliens préparaient des attaques contre les cibles américaines. Israël a démenti avec véhémence, affirmant que c’était «totalement absurde».
Au cours des dernières semaines, les États-Unis ont envoyé à trois reprises des bombardiers stratégiques B-52 à proximité des côtes iraniennes. Ils ont aussi déployé un sous-marin nucléaire dans le golfe Persique duquel ils ont retiré le porte-avions USS Nimitz. Peut-être pour le mettre hors de portée de représailles iraniennes. Plusieurs navires de guerre américains armés de missiles Tomahawk l’y croisent toujours.
Israël a également décidé d’y envoyer un sous-marin. Interrogé à ce sujet par Aljazeera, le porte-parole du Comité de la sécurité nationale du Parlement iranien, Abolfazl Amouei, a déclaré: «Si un sous-marin israélien arrive dans le golfe [persique], l’Iran considérera qu’il s’agit d’un acte d’agression et dans ce cas, nous aurons le droit de nous venger».
L’Iran a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’empêcher un «aventurisme militaire» accru des États-Unis dans le Golfe et la mer d’Oman. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a affirmé que Trump cherchait un prétexte pour déclencher une guerre contre l’Iran.
De son côté, le chef de la force militaire d’élite iranienne Al-Qods, le général Esmail Ghaani, a qualifié Trump d’«homme dément» sous l’emprise d’Israël et de l’Arabie saoudite. Il a averti, énigmatique, que «c’est possible, même de l’intérieur de [sa] propre maison, que quelqu’un puisse se venger de [son] crime». Trump a tweeté qu’il tiendrait l’Iran responsable si des Américains étaient tués dans une attaque iranienne.
Trump est-il à ce point stupide et dangereux qu’il déclencherait une guerre pour détourner l’attention de ses tentatives de faire annuler sa défaite électorale et compliquer les plans de son successeur pour le Moyen-Orient? Il l’est sans doute. Mais, je pense et j’espère que le Pentagone ne le laisserait pas faire. Encore que…
Depuis sa défaite électorale, Trump a limogé le secrétaire à la Défense et plusieurs hauts dirigeants civils du Pentagone pour les remplacer par des individus qui lui sont totalement inféodés et qui ne répondent à personne d’autre qu’à lui.
Je crois que l’Iran va tout faire pour éviter d’être entraîné dans une guerre avec les États-Unis. Téhéran mise en effet sur une baisse des tensions avec l’arrivée au pouvoir de Biden qui mènerait à la levée des sanctions qui sont en train de détruire son économie ravagée par le coronavirus.
Comme Trump, Netanyahu veut par tous les moyens empêcher que les États-Unis rejoignent l’accord sur le nucléaire. Cas de provocation manifeste, le Mossad, fin novembre, a assassiné le Pr Mohsen Fakhrizadeh, au cœur des ambitions nucléaires de l’Iran pendant des décennies. En réaction à ce meurtre, dans un geste malavisé, l’Iran a annoncé qu’elle allait augmenter son enrichissement d’uranium aux niveaux d’avant l’accord de 2015. Dans une concession à Biden, Téhéran pourra revenir sur cette décision.
Quoi de mieux qu’une guerre pour bousiller l’inauguration de Biden le 20 janvier? Il faut faire vite. Le temps presse.