
L’Inde n’exportera pas les doses du vaccin mis au point conjointement par le fabricant AstraZeneca et l’Université Oxford produites sur son territoire avant plusieurs mois, a confirmé le directeur général du Serum Institute, dimanche. Le laboratoire a reçu le contrat pour produire un milliard de doses du vaccin contre la COVID-19. Ces doses seront réservées aux pays en voie de développement.
Puisque les pays riches reçoivent actuellement la majorité des doses des différents vaccins contre la COVID-19 produites dans le monde, le Serum Institute, qui est le plus grand producteur mondial de vaccins, distribuera ses doses aux pays plus pauvres. Toutefois, l’interdiction d’exporter les doses imposée par l’Inde fera en sorte que ces pays devront attendre quelques mois avant de recevoir leurs premières fioles. L’Inde a accordé une autorisation d’urgence au vaccin d’AstraZeneca et de l’Université Oxford dimanche, à la condition que le Serum Institute n’exporte pas de doses avant que les citoyens plus à risque sur son territoire ne soient tous protégés.
Les exportations du vaccin vers le COVAX — un axe de travail mis en place par l’Organisation mondiale de la santé pour assurer une distribution équitable du vaccin — ne commenceront qu’en mars ou avril, selon le directeur général du Serum Institute, Adar Poonawalla. L’entreprise devrait pouvoir fournir de 200 à 300 millions de doses au COVAX d’ici décembre 2021.
« Nous ne pouvons pas vacciner tout le monde en même temps », a affirmé M. Poonawalla. Son laboratoire devra donc répartir les doses entre l’Inde et le COVAX, une fois que l’interdiction de l’exportation sera levée. M. Poonawalla a finalement laissé entendre que, même si tous les plans des fabricants de vaccins se déroulaient sans tracas, il pourrait tout de même y avoir une pénurie de vaccins dans la prochaine année.
Vaccination aux États-Unis
Déjà bien lancée, en revanche, la campagne de vaccination contre la COVID-19 aux États-Unis monte en puissance, ont assuré dimanche des responsables face aux critiques sur ses retards. La première puissance mondiale vient de franchir la barre des 350 000 morts du coronavirus et a tout misé sur une campagne de vaccination massive et rapide. Actuellement, un peu plus de 4,2 millions de personnes ont reçu la première dose d’un des deux vaccins autorisés dans le pays (Pfizer et Moderna), selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Le gouvernement Trump avait promis 20 millions de personnes vaccinées avant la fin de l’année 2020.
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« Il y a eu quelques dysfonctionnements », a reconnu sur ABC l’éminent immunologue américain Anthony Fauci, qui conseille le gouvernement sur la crise sanitaire. Les vaccinations ont commencé dans un contexte difficile : en pleine explosion du nombre de cas et au moment des congés de fin d’année, mettant à l’épreuve les équipes médicales, a expliqué sur CNN le médecin en chef des États-Unis, Jerome Adams. « Nous voyons [le tempo] rapidement s’accélérer », a assuré M. Adams.« Ces 72 heures, 1,5 million de premières injections ont été enregistrées […], ce qui fait 500 000 par jour. » « Nous pouvons atteindre un million par jour », a dit M. Fauci.
Cet objectif est celui du président désigné, Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier : le démocrate a promis 100 millions de doses injectées pendant ses 100 premiers jours de mandat.
Le président républicain, quant à lui, a dirigé le blâme, dimanche, sur les échelons locaux pour le retard pris : « Les vaccins sont distribués aux États par le gouvernement fédéral plus vite qu’ils ne peuvent les administrer ! » a-t-il écrit sur Twitter. Il a également affirmé que le nombre de cas, qui a encore enregistré un record samedi avec près de 280 000 nouvelles contaminations en 24 heures, et de décès était « exagéré » par les CDC, à cause d’une « méthode d’attribution ridicule ».
Le Royaume-Uni reconfiné ?
Moins confiant, le premier ministre Boris Johnson a averti dimanche que des restrictions plus sévères pourraient être décidées en Angleterre pour combattre la rapide progression du nouveau coronavirus, attribuée à un nouveau variant. Près de 55 000 personnes supplémentaires ont été déclarées positives au virus en 24 heures, dépassant le seuil des 50 000 pour le sixième jour d’affilée, selon lesdernières données officielles communiquées dimanche.
« Il se peut que nous devions faire des choses dans les prochaines semaines qui seront plus difficiles dans plusieurs parties du pays », a déclaré Boris Johnson à la BBC. Il a ajouté que la fermeture des écoles, une mesure prise fin mars lors de la première vague de la pandémie, « est l’une de ces choses ». Même si le dirigeant conservateur a déclaré que l’éducation des enfants était une « priorité », il a souligné qu’il fallait reconnaître « l’impact du nouveau variant du virus ».
Avec l’Agence France-Presse