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« L’Europe, la Chine et les droits des travailleurs » – Le Point

TRIBUNE. L’Union européenne doit muscler son jeu dans ses relations commerciales avec la Chine. Et ainsi s’affirmer comme une réelle puissance.






Par Bernard Carayon*


L'Union europeenne gagnerait a plus s'affirmer face a la Chine dans ses rapports commerciaux.
L’Union européenne gagnerait à plus s’affirmer face à la Chine dans ses rapports commerciaux.
© DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Temps de lecture : 3 min

L’Union européenne a pu mesurer son impuissance et ses naïvetés lors des crises financière et sanitaire qui l’ont tétanisée, comme des bouleversements énergétiques et diplomatiques qui l’ont fracturée.

Chaque fois, pour répondre à l’urgence, elle a dû violer ses textes, ses dogmes, ses réflexes : plans de sauvetage des banques préparés par les États eux-mêmes, alors que les aides directes, publiques et nationales aux entreprises sont prohibées par les Traités ; commande commune de vaccins et financement d’achats d’armes à l’Ukraine, sans en avoir les compétences juridiques. Passons sur le grand bazar dans lequel tout cela fut improvisé.

À LIRE AUSSIQuand la Chine se réveilleL’Union européenne s’est construite sur des principes libéraux érigés en théologie, en lesquels elle croit, mais seule : ouverture des marchés sans exigence de réciprocité ; limitation des déficits, condamnation de toute politique industrielle par filière, tabous de la notion de « champion national » comme du « patriotisme économique », sans considération de ce que font ses concurrents, comme de nos exigences sécuritaires et environnementales ; ignorance, jusqu’à l’idée même, de la tragédie de nos dépendances économiques dans les secteurs stratégiques. Elle fait payer aux Européens son incurie dans l’inflation et la course dispendieuse aux fournisseurs d’énergie les moins respectueux de ses principes, après, de surcroît, s’être volatilisée en intérêts concurrents.

À armes inégales

Manquant de lucidité et d’indépendance intellectuelle, il serait temps, désormais, qu’elle gagne en courage dans ses relations commerciales avec la Chine.

L’« usine du monde », par exemple, n’a pas ratifié deux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, le droit d’organisation et de négociation collective. Or, l’OIT place celles-ci en tête des « conventions fondamentales ». Il est impossible, ainsi, sous un régime communiste, de créer de vrais syndicats, alors que les entreprises chinoises ont accès, sans restriction aucune, aux marchés publics européens.

Selon la vulgate bruxelloise : où est le « level playing field » (le terrain de jeu égal) ? C’est bien de se faire les chantres des droits des travailleurs européens, ce serait mieux de ne pas les soumettre à une concurrence sans droits ! On observera, au passage, le silence partagé des libéraux européens comme des partis et syndicats « révolutionnaires » français, qui subsistent grâce à d’autres causes… Il est évidemment légitime que l’Union européenne réserve, à tout le moins, nos marchés publics aux pays ayant ratifié ces « conventions fondamentales », d’autant que ces règles ne découlent pas seulement de principes européens, mais des normes édictées par l’ONU, dont l’OIT, qui rassemble 187 États, est issue.

Affronter une puissance

L’Organisation mondiale du commerce (OMC), elle-même, souligne que « nombreux sont les avis juridiques selon lesquels ses propres accords et les normes de travail de l’OIT ne peuvent être examinés séparément, étant donné que les pays doivent respecter l’ensemble de leurs obligations internationales ».

Les sceptiques avanceront que l’Allemagne s’opposera à cette initiative : au nom de quoi ? Des intérêts de Volkswagen et de Siemens ? D’autres penseront que la Chine les ratifiera sans les appliquer. C’était le calcul des hiérarques soviétiques en signant les accords d’Helsinki, vite invoqués par leurs victimes historiques, avec un certain succès…

À LIRE AUSSIAlice Ekman : « Le régime chinois se sent menacé » L’Europe serait trop libérale pour affronter ce qu’elle n’est pas, c’est-à-dire une puissance ? Mais la réciprocité est la jumelle de la courtoisie et de l’égalité des droits dans le commerce international !

Alors, chiche ?

*Bernard Carayon est un ancien député (LR) du Tarn, maire de Lavaur, et avocat au barreau de Paris.

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