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“Les films de nos pays” : lever de rideau pour le festival de cinéma en ligne KINO ASYL – InfoMigrants



“Les films de nos pays” : lever de rideau pour le festival de cinéma en ligne KINO ASYL – InfoMigrants

Le festival court du 7 au 23 janvier. Crédit : KINO ASYL
Le festival court du 7 au 23 janvier. Crédit : KINO ASYL

Un festival de cinéma organisé par de jeunes réfugiés vivant à Munich a ouvert ses portes la semaine dernière. Diffusé en ligne pour cause de pandémie, KINO ASYL met à l’honneur des film venus d’Afghanistan, de la Palestine, en passant par l’Ouganda et l’Allemagne.

Il y a quelques semaines, Lilliane Blessing a enfin reçu la nouvelle qu’elle attendait depuis très longtemps, à savoir une lettre confirmant son droit de rester en Allemagne pour les trois prochaines années. 

Âgée de 30 ans, la jeune Ougandaise vit à Munich, en Allemagne, depuis 2018 après avoir fui son pays. Son fils, âgé aujourd’hui de neuf ans, se trouve toujours en Ouganda. Elle espère désormais pouvoir le retrouver pour qu’il puisse grandir en sécurité.

Lilliane est diplômée en psychologie et milite pour la cause LGBT. C’est un travailleur social de son centre pour demandeurs d’asile en Allemagne qui lui a donné l’idée de s’engager dans le cinéma. Aujourd’hui, elle est l’une des curatrices du festival de film KINO ASYL qui a débuté vendredi 7 janvier à Munich et qui sera entièrement diffusé en ligne.

Le festival mélange long métrages, court métrages, présentations et débats. Crédit : KINO ASYL
Le festival mélange long métrages, court métrages, présentations et débats. Crédit : KINO ASYL

Chacun des curateurs, qui sont tous de jeunes réfugiés vivant à Munich, a choisi un film de son pays d’origine pour le festival. Certaines histoires se déroulent en Palestine, d’autres au Sénégal, en Syrie ou encore en Russie. Elles racontent aussi bien la vie des femmes sous le régime Taliban que le rêve olympique d’un cycliste iranien.

Le choix de Lilliane s’est porté sur “Prickly Roses”. Le long-métrage raconte le quotidien des femmes dans une ferme floricole en Ouganda, un environnement qu’elle connaît bien puisqu’elle y a elle-même travaillé lorsqu’elle était qu’adolescente.

“À l’âge de 16 ou 17 ans, je me battais pour payer mes frais de scolarité. Il fallait trouver un moyen de survivre.” À cette époque, elle gagnait 2 000 shillings par jour – à peu près l’équivalent d’un euro. “Cet argent représentait beaucoup pour nous, on le recevait dès qu’on se présentait au travail et ça permettait d’économiser.”

Prickly Roses, de Eleanor Nabwiso. Crédit : Akina Mama wa Afrika Women's Development Organization
Prickly Roses, de Eleanor Nabwiso. Crédit : Akina Mama wa Afrika Women’s Development Organization

“Ce film m’a intriguée”, explique Lilliane. Dans l’une des scènes, le personnage principal se lève et réunit les femmes pour leur dire : “Nous pouvons faire la différence. Nous pouvons arrêter cela. Nous méritons mieux !”

Pour Lilliane, regarder “Prickly Roses” est un peu comme se regarder dans un miroir. Car comme dans le film, à 13 ans, son supérieur est venu la voir pour lui dire : “Tu es jeune, tu es belle, tu peux gagner plus si tu me donnes ton corps”. “Je me suis levée et je lui ai dit que je valais mieux que ça. Et puis je suis partie”, se souvient Lilliane.

Les conditions de travail des femmes dans les fermes floricoles d’Afrique de l’Est sont notoirement mauvaises. Elles sont sous-payées, régulièrement victimes de harcèlement sexuel et souvent contraintes de travailler dans des conditions dangereuses, sans aucun équipement de protection.

“Prickly Roses” aborde également les tabous dans la société et les difficultés pour ceux qui les brisent. Là encore, Lilliane peut s’identifier au film. Très jeune, elle a été soumise à une thérapie de conversion extrêmement brutale et perverse. “En Ouganda, ils ne considèrent pas les bisexuels ou les lesbiennes comme des personnes ‘normales’. C’est un tabou. On vous considère comme ‘malade’ et donc vous pouvez être ‘guéri'”, explique-t-elle. “Alors s’ils réalisent que c’est le cas d’une jeune fille, ils la prennent et effectuent des rituels sur elle, et je parle là de mon vécu personnel.”

L’organisation de Lilliane, qui soutient les mères LGBT célibataires, a même été saccagée. Elle et ses collègues ont eu les yeux bandés et ont été enlevées. C’est à ce moment là, face au risque d’être emprisonnée à vie, qu’elle a réussi à s’échapper et à se rendre secrètement en Autriche, puis en Allemagne.

Certains de ces films "vont vous faire pleurer, certains vont vous faire rire, et tous vont vous faire réfléchir", explique Lilliane. Crédit : Max Kratzer/Courtesy KINO ASYL
Certains de ces films “vont vous faire pleurer, certains vont vous faire rire, et tous vont vous faire réfléchir”, explique Lilliane. Crédit : Max Kratzer/Courtesy KINO ASYL

Désormais, Lilliane mise sur les médias, notamment en ligne, pour diffuser son message le plus largement possible. Et le film “Prickly Roses” lui donne des raisons d’être optimiste. “Les personnages de ce film reprennent là où nous nous sommes arrêtées. Voir que tout ce que nous avons fait n’a pas été vain nous donne de l’espoir. Je crois fermement que les expériences que j’ai vécues ne m’appartiennent pas seulement à moi. Ma vision se réalise si je peux changer la vie de quelqu’un par le biais du cinéma.”

Avec au moins 15 documentaires, court et long métrages, reportages et présentations, le festival aborde un large éventail de sujets et de genres. Le célèbre film “Osama”, pour lequel le réalisateur afghan Siddiq Barmak a remporté un Golden Globe, côtoie ainsi un court métrage satirique du Moyen-Orient, “Eine Zigarette” (“Une cigarette” en français), ou encore “Solo”, un film iranien sur la solitude et le besoin d’affection humaine.

Le festival du film KINO ASYL débute le vendredi 7 janvier et court jusqu’au 23 janvier. En raison de la pandémie, tous les films seront diffusés en ligne. Il est accessible gratuitement. Toutes les infos sont sur kinoasyl.de ou sur la page Facebook du festival.

 

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