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L’économie du “monde d’après” Covid-19 n’est-elle qu’un mirage ? – RTBF

Plusieurs mois après l’irruption de la pandémie de Covid, sa crise sanitaire ses conséquences économiques et sociales, que reste-t-il des appels à une économie plus juste, plus durable, plus résiliente aussi – donc plus résistante aux chocs ?

Regard sur 2021 et réponse avec Sybille Mertens, professeure d’économie sociale à l’Université de Liège. Pour rendre nos entreprises, nos modes de production, mais aussi de consommation plus durables, il y a des raisons de se réjouir – mais c’est très loin d’être gagné.

L’économie du ” monde d’après ” est-elle un mirage ?

Sybille Mertens : “Les gens ont fait une connexion entre ce qui nous arrive aujourd’hui et la manière dont l’économie fonctionne. Il y a un constat d’échec relatif du système économique. Selon un sondage datant de l’été dernier, 52% des Belges considèrent d’ailleurs que le système économique est critiquable.

Les éléments sur lesquels on peut s’appuyer pour dire qu’il y a de l’espoir vis-à-vis d’un réveil de la population pour construire le monde d’après sont assez nombreux. Je relève en tout cas que du côté du grand public, il y a une aspiration à autre chose et une reconnaissance que les modèles différents peuvent faire partie de la solution”.

Il y a un lien qui est fait entre les expériences d’économie sociale et le développement durable des PME.

“Et l’on observe que des individus qui ont un peu les moyens sont prêts à soutenir des modèles alternatifs. Les chiffres des investissements des particuliers sont clairs : les encours pour des projets socialement responsables sont à des niveaux jamais atteints, avec des taux de croissance de 15 à 16%.

En 2019, il y a eu plus de 15.000 nouveaux coopérateurs en Wallonie. Des gens, qui décident que leur épargne va être affectée à des modèles innovants et vertueux”.

L’enjeu n’est-il pas que l’économie sociale évolue non plus en vase clos, mais soit appliquée à d’autres modèles ou entreprises qui jusqu’ici ne l’envisageaient pas ?

S.B. : “Les objectifs de développement durable de l’ONU semblent être devenus un projet commun. Et en même temps, la question est : comment ? Comment intègre-t-on ces éléments sociaux ou environnementaux dans nos modèles économiques ? Et là, les expériences d’économie sociale constituent un laboratoire vraiment intéressant dont on peut s’inspirer pour essayer de faire évoluer les modèles de nos PME”.

Les alternatives doivent être soutenues par une vision politique, et cette vision politique, je ne la vois pas énoncée clairement.

“Et cette prise de conscience là apparaît aujourd’hui dans les cercles économiques. Je suis par exemple en contact avec des invests publics, qui commencent à annoncer qu’ils vont investir de manière socialement responsable, qu’ils vont soutenir des PME avec des modèles vertueux.

De quoi parle-t-on ? De modèles avec plus de démocratie dans l’entreprise, avec une limite sur la distribution des dividendes, avec des attentions aux achats locaux, une attention au bien-être des travailleurs, etc. Donc, on a aujourd’hui une réflexion, non seulement sur “ il faudrait ”, mais sur “ comment va-t-on faire? ”. Et ce “ comment ” s’inspire d’expériences qui existent déjà. Il y a donc un lien qui est fait entre les expériences d’économie sociale et le développement durable des PME”.

Après un engouement temporaire pour l’alimentation locale, il n’y a pas eu dans cette crise de retour à la normale plus rapide que celui vers le… Supermarché. Les finances publiques sont dans une situation fragile. Construire “autre chose” sur base de quelques indicateurs optimiste ou en rassemblant les quelques bonnes volontés en présence, cela va suffire ?

S.B. : “Ce n’est pas gagné. Parce que les changements qui sont attendus demandent des changements de comportements individuels forts et demandent aussi un pilotage collectif de ces changements”.

Nous allons devoir augmenter en compréhension des mécanismes économiques, nous allons devoir améliorer notre connaissance des conséquences de nos actes.

“Ce dont nous avons besoin aujourd’hui pour que le monde d’après ne soit pas simplement le monde d’avant en moins bien, c’est d’une vision à moyen terme des changements qui sont souhaités et de comment nous allons mettre en œuvre ces changements.

Individuellement, nous sommes ainsi faits que nous allons chercher les solutions les plus faciles, les moins coûteuses, les plus immédiates, celles qui nous demandent le moins de recherche d’information. Or, ce que la crise a montré ici, c’est que nous pouvons nous comporter autrement pour autant que nous ayons le choix et pour autant que nous soyons informés aussi des conséquences de nos actions.

Si nous pensons que nous devons aller vers une diminution de la croissance matérielle, il va falloir repenser notre système de sécurité sociale. 

Cela veut dire que nous allons devoir augmenter en compréhension des mécanismes économiques, nous allons devoir améliorer notre connaissance des conséquences de nos actes et, dans le même temps, pour pouvoir changer, nous devons avoir accès à des alternatives. Ces alternatives sont portées par des individus, mais elles doivent être soutenues par une vision politique, et cette vision politique, aujourd’hui, je ne la vois pas encore énoncée clairement. Si nous pensons, par exemple, que nous devons aller vers une diminution de la croissance matérielle, il va falloir repenser notre système de sécurité sociale. Et cela demande un pilotage par le haut”.

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