
La raison pour laquelle Bruno Latour a voulu parler d’écologie au théâtre, c’est parce qu’il s’est dit que tout ça, c’était une question de passions : si on écoute les alertes des scientifiques depuis 40 ans, on a de quoi être tétanisés ! Le point de départ de notre travail, c’est de s’interroger sur la manière dont on réagit, au sens affectif, à la catastrophe annoncée. Le désarroi, la peur panique, l’affolement, l’angoisse, le déni…
On ne traite quasiment que de toutes les passions contradictoires qui nous saisissent face aux alertes des scientifiques. Puis au fil des années, la société a changé et les questions environnementales aussi. Pour autant, la question des affects est toujours là ! Elle ne nous quitte pas parce que c’est une question immédiatement politique.
Ça nous a beaucoup intéressés de voir que pendant les dernières campagnes présidentielles, les partis politiques qui portent les questions climatiques n’ont pas réussi à aller chercher ces affects là, à les mobiliser, alors qu’ils sont à portée de main. Je pense que le théâtre doit se saisir des affects des jeunes générations, et qu’en tant qu’artistes on se demande : comment on dépasse la stupeur pour passer à l’action ?