
Au titre de l’article IV de ses statuts, le Fonds Monétaire International (FMI) a publié ce mardi 5 janvier son rapport relatif aux consultations de 2020 après la collecte des données nécessaires lors de la mission menée au Maroc par Roberto Cardarelli, du 19 octobre au 2 novembre 2020. Le sujet n’est autre que les répercussions économiques de la crise sanitaire liée au Covid-19 et comment le Maroc doit recharger ses munitions et y faire face.
Auparavant, le FMI avait prévu une reprise économique mondiale en 2021 à hauteur de 4,5%, mais avec des réserves de rigueur puisque le spectre d’une instabilité économique règne toujours à cause de la pandémie. Et le Maroc n’est pas sorti de l’auberge, assurent les expert du fonds monétaire.
Dans cette dernière publication, le FMI avance que la crise sanitaire liée au Covid-19 aura des répercussions sur la production au Maroc, notant ainsi que la PIB devrait retrouver son niveau d’avant la crise d’ici 2022. De même, la pandémie devrait aussi impacter la croissance potentielle précise le FMI, notamment les investissements publics qui seront limités par les besoins d’assainissement budgétaire ou encore les investissements privés limités par l’effet d’éviction de l’augmentation du financement du secteur public, explique le Fonds.
Ainsi, et selon les expert du FMI, il y a un risque élevé de la prolongation de la pandémie du Covid-19 au Maroc. Ils expliquent sur ce point que « la récente résurgence de la pandémie, qui s’avère plus difficile à éradiquer (élargissement du vaccin à titre d’exemple), suggère qu’une demande extérieure et intérieure plus modérée est désormais possible ».
Et le confinement n’est pas une excellente option pour le Maroc, estime le FMI, car, alerte-t-il, cela nuirait directement à l’activité économique dans le pays en raison notamment des chocs d’offre et de demande et de changement de comportement.
Les expert du FMI expliquent dans ce sens, qu’ »avec une marge de manoeuvre limitée, la réévaluation des risques par les marchés pourrait conduire à une révision du prix des actifs, démasquer les vulnérabilités liées à la dette et affaiblir la santé des institutions financières nationales« .
« Les mesures protectionnistes pourraient perturber le commerce et l’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales », ajoute le rapport.
Concernant le chômage au Maroc, les experts du FMI estiment qu’un chômage plus élevé et une grande participation aux activités informelles, pourraient avoir un impact négatif sur l’accumulation du capital humain.
Malgré le fait que le Maroc soit « une économie ouverte, fortement dépendant du commerce dont celui du tourisme, des envois de fonds ou encore des importations d’énergie« , l’intensification des tensions géopolitiques et des risques sécuritaires peuvent également représentés des risques sur le Maroc.
En effet, les expert du FMI estiment que « la concurrence géopolitique et le débat sur les avantages de la mondialisation pourraient conduire davantage de protectionnisme et de relocalisation des entreprises réduisant les flux transfrontaliers de commerce et de main-d’oeuvre« .
Les flux commerciaux seront également revu à la baisse à cause justement de ses tensions géopolitiques et les risques sécuritaires poursuit le FMI selon le FMI, ou encore les flux de main-d’oeuvre et de capitaux et la confiance, notant ainsi que les perturbations de la production pétrolière peuvent créer des risques à la hausse pour les prix du pétrole.
Raison pour laquelle le FMI insiste sur le fait que toute perturbation dans chacun de ces domaines est vouée à affecter fortement l’activité économique du Royaume mais peut aussi ralentir le rythme des réformes structurelles prévues au Royaume.
Les pistes de reprise ouvertes au Maroc
Il est certain, le Maroc n’a pas encore échappé aux répercussions économiques de la pandémie. Le soutien aux entreprises et aux travailleurs impactés par la crise sanitaire est une priorité pour le Royaume, note le FMI. Pour l’État, une politique d’austérité est une nécessité en réduisant les dépenses publiques moins essentielles et/ ou en augmentant les recettes pour éviter une augmentation excessive de la dette et des besoins de financement en adoptant un cadre budgétaire clair et transparent à moyen terme pour regagner la confiance des investisseurs. Et de ce fait, le Maroc peut espérer un retour progressif à un niveau inférieur de la dette publique.
Bank-Al-Maghrib (BAM) est également évoqué dans le rapport du FMI, dans le sens où le Fonds estime que l’institution « devra peut-être intervenir rapidement pour remédier aux faiblesses des secteurs financiers, en renforçant les dispositions de liquidité, en assouplissant davantage les coussins de fonds propres et en offrant aux banques viables des délais plus longs pour rétablir la solvabilité minimale« .
« Les autorités devraient également se tenir prêtes à fournir des garanties supplémentaires sur les engagements bancaires et à créer l’espace budgétaire nécessaire pour fournir des capitaux aux banques d’importance systémique« , recommande le FMI.