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Entre l’Inde et la Chine, cent mille soldats sur le toit du monde – Courrier International

Le “général Hiver”. C’est le nom que les historiens ont donné à l’adversaire qui, à plus d’un siècle de distance, a défait tant Napoléon que Hitler en Russie. Les forces indiennes et chinoises déployées le long de la ligne de contrôle effectif (Line of Actual Control, LAC) se regardent en chiens de faïence, parfois seulement séparées par quelques centaines de mètres [en juin 2020, des affrontements ont fait 20 morts côté indien]. Mais elles sont confrontées au même redoutable ennemi, d’une façon que les ambitieux stratèges militaires des siècles précédents n’auraient peut-être pas imaginée. L’est du Ladakh n’est pas la Russie. Ici, les sommets culminent à plus de 5 500 mètres. Le déploiement en hiver de plus de 100 000 soldats appartenant à deux armées étirées sur plus de 872 kilomètres est tout simplement sans équivalent dans l’histoire militaire.

“Au Ladakh, le premier problème auquel fait face un militaire, c’est la survie, se battre contre l’ennemi passe après… Les particularités de la géographie ont un impact clé sur le combat et ses résultats” : c’est par ces mots que commence le chapitre “Combattre au Ladakh” d’Official History of the 1962 India China War (“Histoire officielle indienne du conflit avec la Chine en 1962”, non traduit en français), publiée près de trente ans après les événements.

En cette période de l’année, sur les positions avancées de la LAC, il ne fait pas plus de 3 °C. Les températures peuvent descendre entre −10 °C et −15 °C, voire entre −30 °C et −40 °C, avec de la neige, en décembre et en janvier. À cela s’ajoute le vent glacial, comme l’histoire officielle de 1962 le rappelle. “En général, le vent se met à souffler à partir de la mi-journée et il continue ensuite sans faiblir”, et ces conditions climatiques combinées “peuvent entraîner des blessures dues au froid comparables à des brûlures”. “Il est dangereux de toucher du métal à main nue.”

À l’issue de la huitième rencontre entre commandants, la proposition de désengagement de la Chine n’a toujours pas abouti, et l’on ne sait toujours pas quand auront lieu les prochains pourparlers [une décision de démanteler les installations n’a pas été suivie d’effet]. Par conséquent, près de 50 000 soldats indiens doivent se préparer à rester longtemps sur place, pour défendre des hauteurs à plus de 4 500 mètres d’altitude, et il en va de même des unités alignées par l’Armée populaire de libération chinoise (APL).

Un taux “normal” de pertes liées au froid

Le mal aigu des montagnes, les œdèmes pulmonaires de haute altitude, des formes sévères de thrombose veineuse, de thrombose cérébrale, des troubles psychologiques : ce ne sont là que quelques-uns des dangers qui les guettent. Avec la chute des températures viendront les gelures, l’éblouissement causé par la neige, les engelures, sans parler de la peau qui pèle à cause de l’extrême sécheresse de l’environnement.

Même aujourd’hui, alors que les mois les plus durs sont encore à venir, les conditions “liées au froid” causent quotidiennement des pertes, dit-on de source militaire – beaucoup de soldats étant renvoyés en première ligne dès qu’ils sont rétablis. Si les informations sur les troubles dus à l’altitude sont confidentielles, une source officielle explique que ces pertes non létales n’ont “rien d’alarmant” et qu’elles correspondent “au taux prévu”. Des évacuations auraient également été signalées du côté chinois, depuis les hauteurs de Finger 4 [l’une des huit barres

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Krishn KaushikNirupama Subramanian
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