Diversité : le théâtre des variétés – Libération – Libération

Tout le monde peut-il jouer tout le monde ? Depuis quelques années, les polémiques se multiplient autour de la légitimité des acteurs à incarner des minorités. Entre les deux camps, des œuvres débroussaillent une troisième voie.

Après «faut-il séparer l’œuvre de l’artiste ?», marronnier numéro 1 de la guerre culturelle plus ou moins née de l’affaire Polanski, la seconde place du podium est attribuée à «tout le monde peut-il jouer tout le monde ?» La polémique revient avec une régularité métronomique dans l’actualité, au moins depuis 2016 dans le champ du cinéma, année où l’actrice aux origines sud-américaines Zoé Saldana ne fut pas jugée légitime, par plusieurs communautés de militants, pour incarner Nina Simone à l’écran (elle s’excusera plus tard d’avoir privé une Afro-Américaine d’un rôle censé lui revenir). Au moins depuis 2018 dans le milieu du théâtre français, année des clashs autour de Kanata, spectacle sur le sort des peuples premiers interprété par des comédiens d’origines diverses (ceux de la troupe d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil) mais à leur tour jugés illégitimes – aucun n’était membre de la communauté représentée. Récemment, la même question se reposait suite à l’annulation d’une pièce signée par une autrice transsexuelle incarnée par une comédienne cisgenre finalement trop embarrassée de n’avoir pas la «bonne» identité pour porter cette parole.

Et chaque fois, deux camps distincts, élancés sur le champ de bataille avec lances et casques à frange : d’un côté des membres des minorités ethniques ou sexuelles qui, ulcérées par le manque de diversité sur les plateaux, revendiquent un monopole sur l