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Dans les écoles d’ingénieurs, l’alliance de la santé et des technologies fait recette

Salle de classe de l’EPF école d’ingénieurs de Sceaux. Octobre 2021.

Ce matin d’octobre, l’ambiance est presque électrique dans une salle de classe, habituellement policée, de l’EPF, école d’ingénieurs de Sceaux (Hauts-de-Seine). « Ah non mais là je ne comprends pas ! J’ai une erreur de code de m…. Je suis bloquée alors qu’il y a deux secondes, ça passait ! », s’exaspère une étudiante. Sa voisine, Justine, 22 ans, conseille : « Ouvre le fichier, fait une boucle while arduino serial.flush. » L’explication se veut limpide. « Ah ouais ? Du coup, va falloir enlever plein de trucs qui ne servent à rien. Je n’arrive même pas à gérer les alertes sur Python », s’emballe un acolyte. Bienvenue en cours d’ingénierie et santé.

Ce jour-là, la trentaine d’élèves – autant de filles que de garçons – travaille sur la récupération de données de santé, leur transfert et leur exploitation. « L’exercice consiste à apprendre à programmer des objets », explique Amin Zammouri, enseignant-chercheur en informatique et numérique. Travaillant en binôme, les étudiants placent sur leur voisin des capteurs capables de mesurer la température corporelle, la transpiration et le rythme cardiaque, puis ils doivent faire glisser les données brutes vers l’endroit adéquat au sein d’un serveur. Pour résumer : transformer de la data en une information utile pour un soignant. Tous ces étudiants ont choisi de mettre leurs compétences en ingénierie et en informatique au service des métiers de la santé.

La plupart entreront en 2022 sur le marché du travail où ils sont très attendus. Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, le soulignait, lundi 18 octobre, lors de la présentation du programme d’investissements d’avenir du gouvernement : 2000 ingénieurs et spécialistes du numérique en santé doivent être formés en cinq ans. Les besoins vont croissant. Si la filière est encore peu connue, les métiers sont en plein développement, et les investissements seront considérables. Selon un rapport publié en 2021 par France Biotech, l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé, l’écosystème des « Health Tech » françaises se compose de plus de 2000 entreprises, leur chiffre d’affaires a doublé en cinq ans pour atteindre 800 millions d’euros en 2020. Une goutte d’eau, comparé aux projections pour 2030 avec un chiffre d’affaires annuel estimé à 40 milliards d’euros, et 130 000 emplois supplémentaires sur le territoire, selon Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’économie, des finances et de la relance, chargée de l’industrie.

Pour les jeunes ingénieurs spécialistes de data, la santé est un secteur attirant car il donne du sens à leur trajectoire. « Je veux aider, résume Lucas Ribes, 22 ans, en dernière année à l’EPF. Je me projette mieux dans ma future carrière dans une relation ingénieur-patient que dans une relation ingénieur-client. » Tous le répètent, prendre soin, s’occuper des autres, soulager sont les moteurs qui les ont attirés vers la filière. Au sein de la majeure ingénierie et santé, « nombreux sont les étudiants qui voulaient faire médecine après le bac et qui se sont vu refuser l’accès tant le niveau est lunaire pour y accéder », constate Thomas Provot, enseignant-chercheur et coresponsable de la majeure à l’EPF, créée en 2017.

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