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Crise économique : voici pourquoi la vague des faillites et plans sociaux arrive – Le Journal du dimanche

Le groupe Michelin a provoqué l’émoi mercredi en annonçant la suppression de 2.300 postes en France sur trois ans sans départs contraints. Quelques mois après l’annonce de la fermeture de l’usine Bridgestone de Béthune, et malgré de bons résultats, le pneumaticien français va ainsi se séparer de plus de 10% de ses effectifs en France (d’un total de 21.000 employés). Un plan social qui ne dit pas son nom – officiellement, il s’agit d’un “plan de compétitivité” – et qui ne devrait être que le premier d’une longue série en 2021.

Quelle sera l’ampleur de la vague des plans sociaux et des faillites cette année? En 2021, les entreprises vont d’abord subir l’ampleur du choc de 2020. L’année qui vient de s’achever s’annonce record en matière de statistiques.

Dans le sillage d’une année 2020 catastrophe

Si la chute du PIB français sur 2020 ne sera officiellement connue que fin janvier, les prévisions font état d’une baisse de 9% par rapport à 2019, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, publiée mi-décembre. Un recul historique puisque jamais constaté depuis 1949 et la date du début de calcul officiel du PIB.

Lire aussi – Face à la crise, les collectivités vont préférer ne pas investir plutôt que s’endetter

Un autre rapport, publié le 14 décembre, renforce le pessimisme ambiant : selon les projections macroéconomiques de la Banque de France, “le niveau d’activité de fin 2019” de l’économie française ne devrait être “retrouvé qu’à [la] mi-2022” et le PIB ne rebondira que de 5% en 2021. Une croissance moins forte que les 7,4% attendus début septembre lors de l’annonce du plan de relance du gouvernement.

Si la Banque de France a revu à la baisse ses prévisions, c’est bien à cause de la continuité de la crise sanitaire. Dès le 14 décembre, l’institution notait en effet que la pandémie continuera au premier semestre 2021 et “que le déploiement généralisé de vaccins ne ser[a] pleinement effectif que fin 2021”.

Le cas des TPE-PME inquiète

La persistance de la crise sanitaire implique des mesures de restriction – ce qui paralyse toujours une bonne partie de l’économie – et une consommation des ménages plus contrainte. Conséquence de ce ralentissement global : les entreprises vont éprouver plus de difficultés et les plans sociaux risquent d’être légion.

Le constat est implacable comme le résumait début décembre dans Les Echos Patrick Puy, PDG de Vivarte et spécialiste du redressement d’entreprises : “En général, les difficultés [des entreprises] viennent de trois choses : un personnel trop important, des dettes importantes ou d’actifs à céder. Pour sauver l’entreprise, il faut malheureusement souvent passer par la case ‘plan social'”.

A partir du moment où l’on ne sera plus dans l’urgence, qui paiera la facture?

“La question immédiate, c’est le sort des PME situées en première ligne, soit les entreprises d’hôtellerie-restauration, de loisirs et de tourisme, explique au JDD Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Ensemble, elles représentent environ 5% du PIB total. Si le reste de l’économie française réussit malgré tout à apprendre à vivre avec la pandémie, ces secteurs sont dans l’impasse.”

“Quand on va arriver à la fin de ce tunnel, un certain nombre de ces PME qui se trouvent en première ligne ne vont pas rouvrir”, confirme au JDD Bénédicte Caron, vice-présidente de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Lire notre interview de Bénédicte Caron : “A la fin de ce tunnel, un certain nombre de PME ne vont pas rouvrir”

Pourtant, Bercy a enregistré une baisse de 37% par rapport à 2019, sur la période du 1er septembre au 30 novembre, des ouvertures de procédures pour les entreprises en situation d’insolvabilité. La vague de faillites redoutée pour l’automne n’a donc pas eu lieu. Mais c’est avant tout grâce aux 470 milliards d’euros débloqués pour les mesures d’urgence type chômage partiel et aux 100 milliards du plan de relance annoncé en septembre par le gouvernement.

“Pour le moment, on est dans l’urgence. Mais jusqu’à quand cela va-t-il durer? A un moment, le gouvernement va devoir arrêter de porter à bout de bras toute l’économie”, note Mathieu Plane qui fait le calcul : “Si on additionne les prêts garantis par l’Etat (PGE) et les reports de dettes fiscales et sociales, on en est à 155 milliards d’euros. Cela représente, pour les PME-TPE, à peu près 25% de leur valeur ajoutée. Donc, si une PME doit rembourser son PGE, elle va devoir avoir une rentabilité de plus de 5% par rapport à son niveau d’avant crise!”

Jusqu’à 180.000 destructions d’emplois en 2021?

Selon les calculs de l’OFCE, les faillites d’entreprise qui vont arriver courant 2021 pourraient causer jusqu’à 180.000 destructions d’emplois. Un chiffre qui pourrait s’aggraver selon la CPME. “Aujourd’hui, il est très compliqué d’évaluer le nombre de faillites car, chez les PME-TPE, aucun patron ne veut annoncer vouloir mettre la clé sous la porte, explique Bénédicte Caron. A l’inverse, une grande entreprise, pour avoir de la visibilité, doit pouvoir envisager des plans sociaux et avancer des chiffres.”

Lire aussi – Face à la crise économique, “l’opération jeunes” du gouvernement

La Banque de France table, elle, sur une montée rapide du chômage avec un pic de 11% au premier semestre 2021, avant une décrue à 9% fin 2022… si la pandémie cesse d’ici là.

“Après, il y aura un troisième tour, ajoute Mathieu Plane. Pour le moment, on est dans un traitement d’urgence, donc personne ne compte. A partir du moment où l’on ne sera plus dans l’urgence, qui paiera la facture?” La crise est loin d’être terminée.

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