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Coronavirus : en Inde, un vaccin très politique – Le Monde

Un conteneur à l’aéroport international Indira Gandhi qui sera utilisé comme centre de manutention et de distribution de vaccins COVID-19, le 22 décembre 2020.

LETTRE DE NEW DELHI

Narendra Modi avait promis d’aider « l’humanité tout entière » à sortir de la crise du coronavirus, à la dernière Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2020. La promesse du premier ministre indien n’est pas totalement présomptueuse, son pays est le premier producteur de vaccins, avec 60 % de la fabrication mondiale. Mais avant même de sauver le monde, le sous-continent est rattrapé par une polémique interne au sujet de la vaccination. Non pas, comme en France, en raison de la lenteur du processus – l’Inde n’a pas encore commencé sa campagne – mais à cause du vaccin lui-même.

L’autorité indienne de régulation des médicaments a donné, le 3 janvier, son feu vert « pour un usage d’urgence » à deux vaccins : le Covishield, développé par le britannique AstraZeneca avec l’université d’Oxford et produit par le Serum Institute of India, le plus gros producteur mondial de vaccins, basé à Pune ; le second, le Covaxin, conçu localement par l’entreprise Bharat Biotech, située à Hyderabad. Un vaccin « made in India », comme l’a rappelé M. Modi.

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L’approbation de ce dernier a suscité la stupeur des scientifiques, car aucune donnée n’a été rendue publique sur l’efficacité de ce vaccin dont les essais en phase 3 ne sont pas encore terminés. Les résultats des tests en phases 1 et 2 n’ont pas été publiés, comme il se doit, dans une revue avec évaluation préalable par les pairs.

L’une des plus éminentes expertes indiennes, Gagandeep Kang, vice-présidente du conseil d’administration de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (« Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies »), une association internationale parrainée par la fondation Bill et Melinda Gates, a fait part de son « trouble » et de son incompréhension quant à la stratégie des régulateurs. Dans un entretien au journal Times of India, lundi 4 janvier, elle souligne qu’« il n’existe absolument aucune donnée d’efficacité » sur ce vaccin. La scientifique fustige le manque de transparence sur la manière dont les autorisations ont été accordées. « Je n’ai jamais rien vu de tel auparavant. Cela revient à donner une arme aux gens qui sont antivaccins et antiscience », s’inquiète t-elle.

« Un excès de nationalisme »

A l’unisson de Gagandeep Kang, de nombreux scientifiques dénoncent une « autorisation précipitée », sans doute poussée par la volonté de favoriser un vaccin indien. « Comme beaucoup de choses en Inde aujourd’hui, la science de l’approbation des vaccins s’est heurtée à un excès de nationalisme », écrit le chroniqueur de Bloomberg, Andy Mukherjee. Un membre de l’opposition a déclaré qu’il ne se ferait pas inoculer le « vaccin politique du BJP » (Bharatiya Janata Party, le parti au pouvoir).

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