
Au milieu des annulations d’événements culturels en cascade dus au Covid-19, le festival Trente Trente fait figure d’exception. Pour leur 19e édition, ces rencontres d’arts vivants, qui mettent en avant les formats courts et pluridisciplinaires de la création contemporaine, se tiennent dans la métropole bordelaise jusqu’au 10 février. Elles doivent vivre au rythme d’un contexte sanitaire qui déborde souvent sur la forme artistique. Et, comme presque tous les événements culturels, ont dû s’adapter à la mise en place du passe vaccinal le 24 janvier.
Jean-Luc Terrade, directeur du festival Trente Trente : « C’est épuisant, ça demande une énergie folle pour maintenir les choses »
Jean-Luc Terrade, directeur du festival girondin, a d’ailleurs failli renoncer. « J’ai eu envie de dire “j’arrête, c’est plus possible”. C’est épuisant, ça demande une énergie folle pour maintenir les choses », confie-t-il. La transformation du passe sanitaire en passe vaccinal n’a pas ajouté de contrainte supplémentaire car la pression de l’épidémie opérait déjà sur les événements culturels depuis de longs mois. Les réservations se font au jour le jour et le festival et ses équipes vivent dans l’incertitude : la salle sera-t-elle remplie ? Des cas de Covid-19 seront-ils déclarés dans les troupes, parmi les techniciens et les organisateurs ?
Sur les 26 compagnies du festival, deux ont annulé leur venue après des cas déclarés positifs au Covid-19, tout comme un musicien d’une compagnie et un auteur. Jean-Luc Terrade s’est engagé à payer tout de même la session. Il s’avoue déjà chanceux de maintenir son projet dans ces conditions, mais « tout est dans la fragilité, souligne-t-il. On tient le coup mais on subira les conséquences après ». Pour lui, « il y a tellement de préoccupations annexes que l’artistique passe au second plan ». Un sentiment partagé par les artistes qui se produisent dans le cadre du festival.
« Communiquer davantage »
A quelques heures seulement du début de sa performance sur scène à l’Atelier des Marches, au Bouscat, le chorégraphe Arthur Perole est rassuré, la salle s’annonce pleine. Il raconte cependant les difficultés rencontrées par ce stress des réservations de dernière minute qui semblent avoir pris le pas sur le choix artistique. « Ça crée de grosses craintes pour nous, artistes, et pour les lieux. Hier, ç’a été compliqué de remplir la salle, aujourd’hui, c’est complet. » Directeur de sa compagnie, il doit aussi gérer ses équipes avec le contrôle du passe vaccinal. « On doit trouver le ton juste, tout en assumant des questions qui nous regardent en tant qu’employeur. » Il n’a pas rencontré de difficultés auprès de ceux qui travaillent avec lui : « Les gens savent qu’ils doivent être vaccinés pour travailler. On n’est pas dans une question de choix ou de valeurs. »
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